Objectif : Saint-Jacques-de-Compostelle. On prétend qu’on arrive à la place de l’Obradoiro, où se dresse la façade baroque de la cathédrale avec son porche de la Gloire, avec les forces au plus bas et le moral au plus haut. Plus de 35 millions de pèlerins ont défilé ici tout au long du XXe siècle, rien que durant les années saintes, poussés d’abord par la foi, puis par d’autres motifs non religieux depuis que le Xacobeo de 1993 intégra le Chemin dans
l’agenda non seulement des organismes et des institutions officiels, mais aussi dans celui des citoyens.
Le Chemin pénètre dans Saint-Jacques-de-Compostelle par la rúa San Pedro, extramuros, et atteint la Porta do Camiño, laissant derrière lui deux édifices de styles complètement opposés : le vieux monastère de Santo
Domingos de Bonaval, aujourd’hui Musée du Peuple Galicien (Museo do Pobo Galego), et le tout nouveau Centre Galicien d’Art Contemporain, exemple d’avant-garde. À l’intérieur des anciennes fortifications (la porte de Mazarelos, par où entrait le vin dans la ville, a été conservée), on emprunte la rue Casas Reais pour aller tout en haut, à la place de Cervantes, là où la Mairie occupait autrefois un édifice qui existe encore actuellement. On redescend ensuite parce qu’à une centaine de mètres se trouve la petite place de la Acebechería avec ses différents niveaux, sur laquelle donne la façade nord de la Cathédrale. Sur cette place à droite, un énorme édifice en
pierre de taille accueille le Grand Séminaire, San Martiño Pinario, le grand monastère galicien sans lequel il serait impossible de comprendre l’histoire de cette terre. En continuant en face, on passe sous un arc qui appartient au seul édifice roman civil de Galice : le palais de Gelmírez. Gelmírez fut le premier archevêque de la ville qui, au XIIe siècle, convertit la ville en point de référence de la chrétienté. Dans ce palais est conservé un chapiteau portant la plus ancienne représentation connue de la empanada gallega (tourte de Galice) et c’est par là qu’on accède aussi avec les visites guidées aux toits de la cathédrale. Après ce petit tunnel, on arrive sur la place de l’Obradoiro. Sur la droite, le grand hôpital que firent construire les monarques Isabelle et Ferdinand d’Aragon pour les besoins du pèlerinage, aujourd’hui converti en hôtel du nom de Hostal de los Reyes Católicos. En face, un palais de style français, le palais de Rajoy, dénommé ainsi car sa construction fut ordonné par un autre homme puissant de l’église catholique, Bartolomé Rajoy y Losada ; l’édifice est actuellement le siège de la Municipalité. À gauche, le collège de San Xerome, rectorat de l’Université. Une grande fi n d’étape et de pèlerinage.
Cécile arrive à Compostelle après 95 jours de pèlerinage et 1680 km parcourus…..

« C’est l’endroit de la spécialité du pulpo gallego. Je l’avais déjà gouté en 2013… Aujourd’hui je me contente d’une salade ! »
Melide est une localité traversée par deux Chemins : le Primitif, appelé ici Camiño de Oviedo, suivi par Cécile, et celui des Francs, plus fréquenté par les pèlerins. Née à l’ombre d’un ancien castrum (par la suite, château), elle est mentionnée pour la première fois dans des documents du Xe siècle. En 1212, un an après la consécration de la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle, Alphonse IX, roi de Galice et du Léon, concède ces terres à l’archevêque de Saint-Jacques-de- Compostelle. Il ne reste rien de son château ni de ses murailles, démolis lors des révoltes paysannes survenues dans la seconde moitié du XVe siècle, un mouvement social connu comme Os Irmandiños. En réalité, les pierres de taille de la forteresse furent utilisées pour construire l’église Sancti Spiritus, dans laquelle sont conservés les sépulcres de Leonor de Mendoza et Inés de Castro, l’une et l’autre épouses du seigneur le plus craint et le plus puissant de la région à son époque, Lope Sánchez de Ulloa (XVe siècle). On remarque comme éléments particuliers la façade romane de l’église San Pedro (transférée et littéralement encastrée dans la chapelle San Roque, à l’entrée du Chemin des Francs), le calvaire gothique qui se dresse à ses côtés, considéré comme l’un des plus anciens de Galice, l’église Sancti Spiritus ou Santo Antonio et, hors de la localité, l’église Santa María de Melide avec d’impressionnantes fresques murales. Et naturellement, le vieil hôpital, récupéré et reconverti en excellent musée local, spécialisé en ethnographie et archéologie.

Quelle étape ! D’abord la montée vers le col à travers les landes en fleurs. Puis les premiers chemins de Galice ! J’ai eu froid. Maintenant que j’ai pris une bonne douche chaude ça va mieux ! »
Si on choisit de passer par Fonsagrada, qu’on aperçoit dès Paradanova, il faut continuer par la piste de terre sur la gauche puis attaquer une ascension courte mais dure qui nous amènera devant la Fonte Santa qui donne son nom à la ville, située sur l’un des côtés de l’énorme église paroissiale. À l’endroit de cette fontaine apparut plusieurs fois la Vierge, formulant ainsi son souhait de voir construire une localité au détriment d’A Pobra de Burón, jusqu’alors centre névralgique de la zone. C’est en tout cas ce que dit la légende locale, mais il y en a une autre – surtout à A Pobra de Burón – qui raconte que les ancêtres de leurs voisins volaient la statue de A Pobra de Burón pour la transporter en haut du mont, à la fontaine. A Fonsagrada est la classique localité située en bordure de route, lieu de halte obligé pour prendre l’un ou l’autre chemin. À sa sortie, on trouve aujourd’hui un parc très agréable,
idéal pour se reposer.

« Au menu aujourd’hui une montagne de 1145m… Dur ! »
Jusqu’en 1980, il existait, dans cette localité, une maison hôpital. Une plaque en ardoise provenant de cette fondation se trouve maintenant sur la façade de la maison du médecin. L’église paroissiale du village date du XIVe siècle. Près du Chemin de Compostelle, nous trouvons le sanctuaire de Nuestra Señora de Bedramón. Il est situé sur la colline de Bedramán (chaîne montagneuse de Beducedo, à 940 mètres d’altitude), dans l’église San Martín del Valledor. D’une grande dévotion populaire, elle fut reconstruite après la Guerre Civile espagnole. Elle a un plan rectangulaire avec un chevet qui ressort en hauteur et un portique à piliers.

« Départ vers 8h après un copieux petit dèj. Beaucoup de brume au début puis soleil. Arrivée vers 15h. Tout va bien. »
Pola de Allande fut fondé entre 1262 et 1268. Depuis ses origines et jusqu’au XIXe siècle, ce fut une petite localité concentrée sur la rive gauche de la rivière Nisón et aux abords du Chemin de Compostelle. De son patrimoine
monumental, nous pouvons souligner l’impressionnant Palais de Cienfuegos ou Peñalba, situé sur une hauteur d’où il domine la cité. C’est un édifice dont l’origine remonte au XVe siècle, mais il ne conserve de l’époque gothique que la partie basse, pour avoir subi différentes rénovations. L’église paroissiale San Andrés, érigée au XVIe siècle conserve clairement son empreinte romane primitive.

La ville a disposé d’un important monastère franciscain, dont l’église du XIIIe subsiste, actuellement devenue l’église de Tineo. Elle accueille, à l’intérieur, un Musée de l’Art Sacré fort intéressant qui réunit un trésor formé de
pièces religieuses d’un intérêt exceptionnel, provenant des églises de cette zone. Dans la cité, d’autres édifices sont remarquables, tel le Palais des García de Tineo, dont certains éléments, comme sa tour circulaire, datent du XIIIe siècle, ou le Palais des Merás, du XVIe siècle. L’auberge actuelle remplace l’hôpital historique de Nuestra Señora de Mater Christi, fondé au XIIIe siècle et dont les ruines sont encore conservées dans la grand-rue. On considère que ce fut l’hôpital le plus important sur la route que l’on appelle aujourd’hui le chemin primitif dans les Asturies.
